Retrouvez quelques photos et le programme, pour l’édition de l’été 2020, repoussée à cette année en raison des restrictions sanitaires, qui s’est déroulée à l’Université Saint-Louis du Missouri. DSR avait eu le plaisir d’y envoyer deux de ses membres : Édouard Martin & Sofiane Yahia Cherif ! Programme complet PDF
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Notes
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En finir avec le nominalisme ?
Alice Zeniter a cité Roland Barthes pour synthétiser le projet suivant : « Il s’agit d’arracher la langue à une normalisation qui lui fait perdre tout son sens » (La Croix L’Hebdo, Paris, Bayard, Semaine du 9 septembre 2022, p. 15). L’écrivain entretient, effectivement, en écriture, un rapport étroit avec la société. Les mots gardent, en toutes disciplines, une signification qui relève d’une certaine essence. L’honnête homme ne doit donc pas les considérer avec légèreté sous prétexte de vulgarisation. Le juriste, par exemple, sait ce que l’on doit à l’universalisme, dans ses expressions stoïciennes ou chrétiennes. Il fut un formidable vecteur de transcendance et de respect des diversités. Le spécialiste de la norme s’attache aussi avec précision à la liberté : dans le contrat, la loi des parties favorise les rencontres créatrices et nourrit les propriétés émergentes (Hubert Reeves). L’autonomie de la volonté s’accommode néanmoins de la contrainte, sans laquelle aucune obligation ne peut exister. C’est la raison pour laquelle le Code Civil place le rapport contractuel sous l’égide de la confiance et de la foi pour protéger la dignité du partenaire le plus vulnérable.
Les tenants de l’universel, comme les Pères fondateurs de notre Constitution civile (Jean Carbonnier), ont su, par ces prouesses intellectuelles, nous alerter quant aux conséquences mortifères du repli sur soi, d’une part, et du libéralisme absolu, d’autre part. En éducation civique et historique, les manuels scolaires, pourtant, se contentent d’approximations depuis des générations. Ils confondent République et Démocratie sans se soucier des subtilités juridiques qui caractérisent chacun de ces régimes politiques. Ils vantent les sophismes athéniens, résument les réussites de la Cité de Périclès au triomphe du principe majoritaire en se détournant des minutieux ressorts de la souveraineté populaire antique. Il appartient à l’artisan de la norme de refuser cette normalisation de la connaissance. Il importe aujourd’hui prioritairement d’enseigner l’essence pour que toutes et tous, dans la communauté des femmes et des hommes de bonne volonté, puissent se saisir de la beauté complexe des invariants culturels de nos modèles institutionnels. C’est à cette condition que les collectifs, bien irrigués par le savoir, trouveront un moyen de ré-enchanter le monde contemporain.Guerric MEYLAN
Droit & Sociétés Religieuses